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Type de textesource
TitreDie Antiken Schriftquellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen
AuteursOverbeck, Johannes
Date de rédaction
Date de publication originale1868
Titre traduit La Sculpture grecque. Sources littéraires et épigraphiques
Auteurs de la traductionMuller-Dufeu, Marion
Date de traduction2002
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

(14), Overbeck 694

On dit que Phidias procéda ainsi lorsqu’il réalisa le Zeus pour les Éléens : debout derrière la porte, lorsqu’il exposa l’œuvre pour la première fois, il écoutait les critiques ou les louanges ; l’un blâmait le nez trop gros, l’autre le visage trop allongé, l’autre autre chose encore. Puis, quand les spectateurs furent partis, Phidias s’enferma de nouveau et se mit à corriger et à arranger la statue selon le goût général ; il ne pensait pas que les avis d’un tel peuple étaient négligeables, mais que nécessairement beaucoup voient mieux qu’un seul, même s’il s’agit de Phidias.

À propos de Dédale, on raconte qu’il faisait des statues qui se mouvaient d’elles-mêmes ; le fait que des statues puissent bouger toutes seules me paraît impossible ; la vérité doit être quelque chose comme ceci : les sculpteurs et les statuaires de l’époque réalisaient des statues dont les pieds aussi tenaient ensemble. Dédale fut le premier à les faire avec un pied séparé. Les gens disaient : « cette statue que Dédale a faite, est en train de marcher, et non pas immobile », comme nous disons maintenant : « sur cette peinture, il y a des hommes en train de combattre, des chevaux au galop et un navire ballotté par la tempête ».

(VI, 4, 2 (Overbeck 137))

On dit qu’il[[5:le colosse de Memnon.]] avait les deux pieds collés, selon la manière de sculpter du temps de Dédale.

(Schol. Platon, Ménon, 97 (Overbeck 121) )

Parce que tu n’as pas réfléchi aux statues de Dédale […] ; celles-ci, quand on ne les attache pas, elles s’en vont et s’enfuient et quand on les attache, elles restent.

(Procope de Césarée, La Guerre contre les Goths, 552-554, IV, 21 (Overbeck 552))

Le Romain disait qu’un jour Atalerechos gouvernerait l’Italie […] Un troupeau de bœufs vint un jour de la campagne à Rome, à travers le marché que les Romains appellant forum de la Paix, où se trouve aussi la génisse de Myron.

Phryné, au milieu de la fête des Éleusinies et de celle des Poseidonies, sous les yeux de tous les Grecs réunis, défit son manteau, délia sa chevelure, et entra dans les flots : ce fut là pour Apelle le modèle de l’Aphrodite Anadyomène ; et le sculpteur Praxitèle, son amant, sculpta sur son modèle l’Aphrodite de Cnide.

L’orateur assez habile pour atteindre à de pareils effets, et qui, comme Phidias, aura pu faire une Minerve, n’aura pas besoin de leçon pour les parties moins relevées de son art, pas plus que n’en eut besoin ce grand artiste pour ciseler le bouclier de la déesse.

Phidias fait allusion aux vers d’Homère dans un passage célèbre. Une fois le Jupiter achevé, l’oeuvre la plus imposante et la plus admirable jamais réalisée de main humaine, un ami lui demanda quel modèle il avait en tête pour former dans l’ivoire le visage de Jupiter, ainsi tiré de la sculpture même, et il lui répondit qu’il avait suivi comme un guide ces vers : « Il dit et de ses sourcils ténébreux... »

On rappelle que Panainos s’était enquis auprès de Phidias du modèle que celui-ci voulait adopter pour réaliser son effigie de Zeus et que Phidias avait répondu qu’il prenait comme modèle la figure évoquée par ces vers d’Homère (Il., I, 527) : « À ces mots, le Chronide fronça ses sourcils ténébreux ; Ses cheveux divins s’agitèrent sur la tête du seigneur/ immortel, et il fit tourner le grand Olympe ». Il semble avoir bien parlé, surtout à propos des sourcils, parce que le poète donne envie de représenter une grande attitude et une grande puissance, convenant à Zeus, de même qu’à propos d’Héra, tout en gardant la dignité des deux divinités ; car il disait : « Il s’agita sur son trône et fit tourner le grand Olympe ». Ce qui arrive à Héra, avec toute cette agitation, répond au seul froncement des sourcils de Zeus, auquel s’accorde le mouvement de sa chevelure. On a dit justement que Phidias était le seul à avoir vu ou à avoir montré les effigies des dieux.

Ou il faut que seuls ceux qui viennent ici (à Olympie) voient les spectacles tout à fait magnifiques et célèbres, et en particulier la statue de culte du dieu et la béatitude que vos ancêtres ont réalisée et consacrée par des dépenses excessives et un art extrême, la plus belle et la plus agréable aux dieux de toutes les statues qui sont sur terre, exécutée par Phidias, à ce qu’on dit, selon la poésie d’Homère : celle du dieu qui fait tourbillonner tout l’Olympe d’un petit froncement des sourcils, comme ce grand poète le dit de façon lumineuse et convaincante dans ses vers : « À ces mots… »

[…] ainsi toi, Phidias, tu as inventé un spectacle sans artifice, « qui calme la douleur et la colère, qui fait oublier tous les maux » (Od. IV, 221), telles sont la lumière et la grâce qui émanent de ton art […] Mais si tu as créé l’apparence convenable et la forme digne de la nature divine, usant de la matière charmante et montrant que l’apparence de l’homme est magnifique par la beauté et par la taille, en-dehors de l’homme, et faisant le reste comme tu l’as fait, examinons ce qui ce passe maintenant.

Toutes les œuvres des tailleurs de pierre ou des peintres plus anciennes que mon art[[6:C’est Phidias qui parle.]] étaient harmonieuses, sauf en ce qui concerne l’exactitude du rendu, si je puis dire. Je renversai donc vos anciennes croyances, immuables, auxquelles il était impossible de s’opposer, ainsi que d’autres créateurs, qui pensaient être plus vénérables et bien plus savants sur la divinité, les poètes, parce qu’ils pouvaient conduire à n’importe quelle invention à travers la poésie, tandis que nos créations possédaient la seule vraisemblance suffisante.

Si pour vous, je suis responsable de cette apparence, vous devez vous en prendre d’abord à Homère : car il n’a pas seulement imité la forme au plus près de la création, en nommant la chevelure du dieu, et encore son menton, tout au début du poème, lorsqu’il raconte que Thétis vient le prier pour la gloire de son fils.

Notre Zeus est tout à fait paisible et doux, comme il sied au défenseur de la concorde et de l’unité de la Grèce ; grâce à mon art et aux conseils que j’ai donnés à la bonne et sage cité des Éléens, je l’ai installé calme et digne, dans une attitude sans trouble, distribuant la vie, l’animation et tous les biens, père commun des hommes, sauveur et gardien, autant qu’il était possible à un mortel d’imiter la nature divine et inorganique. Regarde si tu ne trouves pas la statue conforme à toutes les épiclèses du dieu : on appelle Zeus seul père et roi unique des dieux, protecteur de la cité, de l’amitié et des confréries, et encore des suppliants, des hôtes, de la fertilité et il possède encore des milliers d’autres épithètes […] Ce qu’il ne pouvait pas montrer sans parler, n’en est-il pas capable à travers son art ? La force et la majesté de l’attitude veulent manifester le pouvoir royal, la douceur et l’aménité signifient la sollicitude du père, la dignité et le sérieux le protecteur de la cité et de la loi, la ressemblance de la représentation la communauté d’origine entre les dieux et les hommes, la bonhommie, la douceur et la noblesse montrent l’amitié, la miséricorde, l’hospitalité, le refuge, et toutes ces qualités ; la simplicité et la grandeur répandues dans l’apparence imitent la prospérité et la fécondité. Car sans artifice, il ressemble à quelqu’un qui donne les biens avec plaisir. Voilà donc ce que j’ai tâché d’imiter, puisque je ne pouvais pas le nommer.

On dit qu’à Olympie cet homme prononça cette parole fameuse selon laquelle Phidias avait sculpté le Zeus d’Homère. 

Si tu images ainsi Athéna, telle que Phidias l’a créée, ne le cédant en rien aux récits épiques d’Homère, belle jeune fille aux yeux pers, à la taille élancée, ceinte de l’égide, coiffée du casque, tenant une lance et s’appuyant sur son bouclier.

Connaissant les dimensions en hauteur et en largeur du Zeus d’Olympie, telles qu’on les a écrites, je n’en ferai pas éloge à ceux qui les ont mesurées, car les dimensions qu’ils ont données sont bien inférieures à l’impression que la statue donne aux spectateurs, trait qui, dit-on, fait du dieu lui-même un témoin de l’art de Phidias. De fait, au moment où la statue était achevée, Phidias pria le dieu de lui signifier si son œuvre était à son goût : sur le champ, dit-on, la foudre creusa un trou dans le sol à l’endroit où il y avait encore de mon temps une hydrie pour ornement, celle de bronze.

Regardant le trône d’Olympie, Apollonios dit : « Salut, Zeus bon, toi qui est si bon en effet pour communiquer une idée de toi aux hommes ».

De même que parmi les statuaires, les uns sont remarquables pour réaliser une œuvre, disons Phidias ou Polyclète, ou les peintres Zeuxis ou Apelle ; d’autres font des statues inférieures à celles des premiers, et d’autres encore des statues moins bonnes que celles des deuxièmes : en un mot, il y a une grande variété dans la réalisation des statues et des effigies. De la même façon, certains font des statues du dieu universel mieux et avec une science achevée, si bien qu’il n’y a aucune comparaison entre le Zeus d’Olympie réalisé par Phidias et celui réalisé selon l’image du Dieu créateur.

Ensuite Phidias sculpta le Zeus, en le réalisant sans aucun modèle visible, mais en le prenant dans son esprit tel qu’il serait si Zeus acceptait de se présenter devant nos yeux.

Praxitèle doit sa renommée à ses marbres, surtout à la Vénus de Cnide, qui est célèbre par l’amour insensé qu’elle inspira à un jeune homme et par le prix dont l’estima le roi Nicomède, qui essaya de l’échanger contre paiement de la lourde dette des Cnidiens.

Nous avons cité parmi les statuaires l’âge de Praxitèle qui se surpassa lui-même dans la gloire du marbre. Ses œuvres se trouvent à Athènes au Céramique, mais au-dessus de toutes les œuvres, non seulement de Praxitèle, mais de toute la terre, il y a la Vénus : beaucoup ont fait le voyage à Cnide pour la voir. Il en avait fait deux et les vendait ensemble, l’une avec un voile, que préférèrent pour cette raison ceux qui étaient originaires de Cos, la trouvant pudique et sévère, lorsqu’il la leur proposa au même prix ; les Cnidiens achetèrent celle qu’ils avaient rejetée et qui devint bien plus célèbre. Plus tard le roi Nicomède voulant l’acquérir auprès des Cnidiens, promit de rembourser toutes les dettes de la cité, qui étaient immenses : ils préférèrent les supporter entièrement, et à raison ; car par cette statue, Praxitèle rendit Cnide célèbre. Son abri est entièrement ouvert, afin qu’on puisse voir l’effigie de toutes parts, ce qui fut fait, croit-on, avec l’aide de la déesse. L’admiration est la même de tous les côtés. On raconte qu’un homme, épris d’amour pour elle, se cacha pendant la nuit, s’unit à la statue et laissa une tache comme trace de son désir. Il y a aussi à Cnide d’autres statues de marbre d’artistes célèbres : un Liber Pater de Bryaxis, un de Scopas, ainsi qu’une Minerve, et un autre exemplaire de la Vénus de Praxitèle, trop grand pour être mentionnée parmi ces seules œuvres.